dimanche 22 novembre 2015

Maryse Choisy caricaturée par Ralph Soupault


Il est possible de mesurer la renommée de Maryse Choisy au début des années 1930 en considérant les dessins que Ralph Soupault — qui, s'il fricotait déjà avec les milieux de l'extrême-droite, n'avait pas encore donné, en dessin comme ailleurs, le pire dont il allait bientôt se révéler capable — fournissait au quotidien Comoedia.
Régulièrement, en une du journal, paraissait une bande du caricaturiste moquant plusieurs personnalités du monde des Lettres. Au moins quatre fois, Maryse Choisy y apparaît, presque toujours aux côtés de Joseph Delteil qu'elle aima — et cela défraya la chronique — au point de lui consacrer un ouvrage.


Le 25 décembre 1930, Ralph Soupault nous fait découvrir « Ce qu'ils ont trouvé dans leurs souliers » : c'est l'occasion de moquer le féminisme de Maryse Choisy.




Les autres caricaturés sont : Paul Reboux (un aspirateur à poussière), André Thérive (une panoplie très complète de populiste intégral), Pierre Mac Orlan (une panoplie de "bustiger légionnar"), André Gide (un traité élémentaire de morale et quelques coupures de journaux des 5 parties du monde relatant quelques curieux faits divers), Albert Londres (un billet pour le premier voyage interplanétaire), Géo London (un matériel complet véritable (véritable et authentique) de parfait gangster), Jean Cocteau (un téléphone supra-sensible permettant d'entendre la voix... divine) et Maurice Dekobra (une grammaire française bien complète, avec la manière de s'en servir).


Le 30 janvier 1931, le caricaturiste nous montre « Le second métier » que pourraient exercer quelques célébrités : Maryse Choisy tient évidemment (?) un bordel.




Les autres caricaturés sont : F.-T. Marinetti (cuisinier), Paul Reboux (chimiste), André Malraux (archéologue), Alfred et Raymonde Machard (épiciers d'art bibliophilique).


Le 19 juillet 1931, c'est « La distribution des prix au grand lycée des Lettres » : Maryse Choisy y fait encore les frais de son féminisme.




Les autres caricaturés sont : Henry de Montherlant (prix d'Excellence, de Travail, d'Assiduité), André Thérive (prix de Grammaire Française et Argotique), Paul Claudel (Prix de Français, Petit Nègre et Cha-ra-bia), Raymonde Machard (prix de Mathématiques spéciales et d'aptitude commerciale), André Malraux (prix d'Archéologie (section gréco-gothico-bouddhique), André Gide (prix de Morale et d’Éducation Sexuelle) et Paul Reboux (prix de Savoir-Vivre, Éducation et Bonnes Manières).


Enfin, le 18 février 1932, Ralph Soupault imagine « Un Cabinet éblouissant (si... elles étaient représentantes du peuple) » :




Les autres caricaturées sont : Titayna (à la Marine), Maud Loty (Guerre), Marie Laurencin (Instruction publique et Beaux-Arts), Marthe Hanau (Finances), Raymonde Machard (Commerce) et Louise Weiss (Affaires étrangères).


mardi 25 août 2015

Bibliographie des livres de Maryse Choisy jamais publiés




Pour compléter la bibliographie de Maryse Choisy, il faudrait ajouter la liste des ouvrages annoncés et jamais parus, ces Quiquengrognes à ranger aux côtés des autres livres imaginaires de la grande bibliothèque invisible.
Voici donc les ouvrages qui, à la page « Du même auteur » des livres effectifs de Maryse Choisy, étaient présentés « En préparation », « A paraître » ou « Sous presse » mais ne virent jamais le jour :



1925 :
· Eve azurée, roman

1927 :
· Superstitions. Étude des superstitions et des pratiques occultes chez les différents peuples (en collaboration avec Magdeleine de Gaye)
· Mille et une mains, portraits chirologiques de nos contemporains
· La Vie amoureuse de la Vierge, roman
· Essai de psychologie esthétique
· Esthétique suridéaliste
· Le Roman d'un atome d'azote, biographie romancée
· La Confusion des langues, roman
· Un soir de vendanges, roman
· Salomon, Roi des Sens, biographie romancée

1928 :
· Sappho, biographie romancée [puis Ma soeur Sapho, vie romancée]

1929 :
· Mes amours avec..., pastiches
· Un mois chez les dieux noirs, reportage
· Mon amant Casanova
· Vies en solde

1930 :
· Sainte Thérèse de Lisieux, essai
· Ma boule...
· Quelqu'un sur la ligne..., roman
· Les X., poèmes
· Un mois au music-hall
· Oui, roman
· Vingt-quatre heures, roman

1932 :
· Nuits de Lesbos, poèmes

1946 :
· Poèmes de la quatrième dimension
· La Psychanalyse dans l'éducation

1948 :
· La sublimation d'amour dans les yogas et la mystique chrétienne




dimanche 14 juin 2015

Un mois chez les filles : une réédition bâclée






On réédite Maryse Choisy et c'est bien. Largement oubliée depuis sa mort en 1979, Maryse Choisy mérite d'être redécouverte. Pour cela, les éditions Stock ont choisi de reprendre Un mois chez les filles, l’œuvre du scandale et du succès, que l'auteur, onze ans après sa publication en 1928, retira du marché pour des raisons qu'on ne saurait résumer ici.
Nous nous attendrions donc à ce que l’œuvre autant que l'auteur soient dignement présentés. Il y a tant à dire sur ce parcours singulier et sur ce livre expérimentant le genre du « reportage vécu  ».
Que constatons-nous ? Une petite préface de cinq pages, bourrées d'erreurs, de confusions, d'approximations, se contentant souvent de recopier des morceaux d'autres articles, ... Bref, du travail bâclé, sans respect ni pour l'auteur ni pour le travail de l'historien et le métier de l'édition.

Dès la première phrase, le choc est rude :

« Née en 1903 à Saint-Jean-de-Luz, Maryse Choisy grandit dans un château, élevée par ses deux tantes, dont Robert Aron suppose que l'une d'entre elles fut en réalité sa mère.  »
C'est faire peu de cas de sa tante la comtesse Anna de Brémont qui, seule, prit en charge la petite Maryse... Cela est pourtant clairement raconté dans Mes enfances...(et d'ailleurs, « la seule tante éternelle était Tante Anna. », p.29). Mais peut-être la préfacière n'a-t-elle pas lu le premier volume de ces mémoires et s'est-elle contentée de reproduire l'erreur de l'article de Paul Aron ?
Oui, Paul et non Robert Aron ! Ailleurs que dans une préface, on excuserait la méprise en la mettant sur le compte du lapsus... Mais l'erreur est redoublée en note de bas de page... Ah ! le manque de relecteurs et correcteurs dans l'édition contemporaine ! Julia Bracher – dont on apprend qu'elle est « historienne de formation », éditrice et l'auteur de Riom, 1942, réunion des pièces du procès de Pétain contre Blum et Daladier – pensait-elle sérieusement à l'académicien Robert Aron, lui aussi, comme par hasard, historien du régime de Vichy, qui quitta ce monde en 1975 et ne pouvait donc pas signer l'article de 2010 auquel il est fait référence ?
Enfin, Paul Aron – professeur de littérature à l'Université Libre de Bruxelles – est loin d'être le seul à supposer que « tante Anna » était la mère de Maryse Choisy. Pour ne citer qu'un exemple, au lendemain de la mort de celle-ci, Louis Ducla évoque Anna de Brémont « qui chérissait sa nièce (sa fille sans doute) ». Comment, d'ailleurs, ne pas y penser à la lecture des mémoires où Maryse Choisy met tant d'insistance dans le non-dit sur cette question de l'origine ?

« licenciée en philosophie à l'université de Cambridge »
Son parcours universitaire ne s'arrête pas là puisqu'elle deviendra, à 23 ans, docteur ès Lettres et Philosophie...

« Passionnée de psychanalyse, elle sera aussi une des patientes de Freud »
On souhaiterait sur ce point plus de mesure et de scepticisme : la seule source de cette extravagante visite à Freud est le récit qu'en fait, tardivement, Maryse Choisy...

« et fondera un nouveau mouvement littéraire, le suridéalisme, imprégné de cette nouvelle science [la psychanalyse] »
La seule référence à la psychanalyse dans le « Manifeste suridéaliste » (Nouvelles Littéraires, octobre 1927) est cette phrase : « Nous donnons des coups de pied à Freud »... Admettez que c'est très éloigné de l'imprégnation... Ce qui serait pour le moins étonnant en considération de ce que Maryse Choisy dit des effets qu'eut sur elle sa visite à Freud : « J'avais pris tellement peur que pendant dix ans je changeais de trottoir dès que je voyais un psychanalyste. J'étais victime de la psychanalyse sauvage. » (Sur la route de Dieu on rencontre d'abord le diable, p.54)
Il semble plutôt que notre préfacière confonde avec l'autre suridéalisme, celui d’Émile Malespine qui réclame « une conscience réveillée par des inconsciences et cette conscience à son tour modifie les subconsciences. » ( « Manifeste suridéaliste » in Manomètre n° 7, février 1925) .

« Revenant des Indes où elle était partie chasser le tigre »
Ici, Julia Bracher semble se fier à* un article de 1927 dans lequel le journaliste, ayant interrogé Maryse Choisy sur son intérêt pour la chiromancie, rapporte cette réponse : « J'étais allée aux Indes pour chasser le tigre [...] Comme j'avais fait mes études de philosophie à Cambridge, comme je possédais un diplôme universitaire britannique, j'ai donné une série de cours de psychologie à Bénarès. », et l'on comprend donc que ce sont les cours de psychologie qui relèvent du complément de loisir, la chasse au tigre étant l'activité principale et la raison du départ. Or, dans ses mémoires, elle ne parle pas du tout de chasse au tigre et explique qu'elle fut envoyée en Inde par son collège, pour enseigner la psychologie à l'université de Bénarès. Surtout, ce qu'il ne faut pas négliger, c'est que suite à la mort de son maharadja rencontré à Cambridge, il y avait alors une raison toute sentimentale à partir en Inde... Et puis elle étudiait déjà le sanscrit et l'hindouisme... Maryse Choisy consacre près de quinze pages de ses mémoires à ce premier voyage en Inde au cours duquel elle rencontre Rabindranath Tagore et découvre le yoga qui aura une importance majeure dans sa vie. Alors, l'anecdote de la chasse au tigre...
* disons plutôt recopier : ainsi quand cet ancien article fait dire à Maryse Choisy « après avoir publié mon premier roman : Presque, j'ai voulu faire du journalisme », Julia Bracher écrit « après avoir publié un premier roman, Maryse Choisy décide de faire du journalisme » et reprend l'expression « violon d'Ingres » pour parler de la chiromancie (sur ces sujets, les mémoires sont encore une fois plus subtils).

« un premier reportage qu'elle intitule « Mes vendanges au Languedoc » qui dénonce l'exploitation de jeunes filles pendant les vendanges »
N'importe quoi ! De toute évidence, Julia Bracher n'a pas lu cet article, paru dans l'Intransigeant du 22 octobre 1927, qui ne dénonce rien du tout mais présente d'autres intérêts... L'erreur semble provenir d'une incompréhension d'une phrase de l'article de Paul Aron : « [L'article de Maryse Choisy] a probablement été inspiré par un entrefilet paru le 17 août, qui dénonçait l'engagement dans le Roussillon de jeunes filles belges pendant la période des vendanges sous le titre : « Mesdemoiselles, si vous vouliez vendanger ? ».  »

« Alors que, dans les années 1920, les femmes journalistes ne représentent que 3 % de la profession, Maryse Choisy a réussi, à l'instar de quelques rares plumes à se faire un nom. Invitée par le Tout-Paris littéraire, elle est cependant exclue du Lyceum club, équivalent du Jockey Club pour les femmes [...] »
Ici, Julia Bracher démarque l'article de Paul Aron : « les femmes journalistes ne représentent que 3 % de la profession. Quelques personnalités se sont néanmoins distinguées [...] Elle fait partie du Lyceum club [...] qui est l'équivalent féminin du Jockey club. Elle en sera exclue [...] »

« Et puisqu'elle n'envisage décidément pas d'écrire pour la rubrique des « chiens écrasés » »
Maryse Choisy dit exactement le contraire :  « Moi, en 1926 je voulais seulement faire les chiens écrasés. » (Sur la route de Dieu on rencontre d'abord le diable, p.119).
En illustration, Julia Bracher cite un passage de Maryse Choisy, amputé de la phrase ci-dessus ; citation qu'elle a sans aucun doute reprise dans l'article de Marie-Eve Thérenty. Comme référence, elle indique : « Mémoires, 1903-1924. Mont Blanc, 1971 » quand il s'agit en fait de la deuxième partie (1925-1939) de ces mémoires, parue en 1977.

« son reportage [...] s'arrache à plus de 450 000 exemplaires. »
En note, la préfacière précise quand même : « La mention de 450 000 exemplaires vendus apparaît dans les dernières éditions de l'ouvrage », information qu'elle reprend sans doute à l'article de Paul Aron qui a l'avantage d'ajouter : « et même s'il convient de se méfier de l'emphase de la publicité, il est certain que le livre s'est remarquablement vendu. »
On peut non seulement douter de ce chiffre mais également de la réalité de son inscription sur les dernières éditions, en se demandant si ce n'est pas Maryse Choisy elle-même qui a progressivement augmenté ce chiffre. En effet, les indications d'exemplaires vendus dans les listes « Du même auteur » sont à ce sujet troublantes : de 1930 à 1934, cela progresse de 200 000 à 350 000, chiffre qu'on continue à donner jusqu'en 1948 ; en 1949, alors que l'ouvrage a été retiré du commerce dix ans plus tôt, le chiffre passe étrangement à 400 000 ; en 1963, il passe à 450 000, bien que l'ouvrage soit toujours indisponible...

« C'est d'abord pour relever le défi lancé par la femme de son éditeur que Maryse Choisy se décide à raconter la prostitution de l'intérieur »
L'épisode est encore raconté dans la deuxième partie de ses mémoires, p.145 : il n'est aucunement question de la femme de l'éditeur, mais bien d'un éditeur, Fernand Aubier, qui la défie de faire un reportage sur la prostitution. Encore une fois, Julia Bracher recopie une erreur de Paul Aron : « C'est là, dit-elle, qu'elle rencontre Madame Aubier, l'épouse de l'éditeur Montaigne. Suite à un défi de sa part, elle propose de raconter « de l'intérieur » la vie d'une maison close parisienne. »

« Un seul déguisement possible : celui de la prostituée. Maryse devient donc pour un mois l'une d'entre elles.»
A ce moment de la préface, nous plongeons dans un abîme de consternation. Julia Bracher a-t-elle lu le livre qu'elle nous présente ? Non, la solution n'est pas de se déguiser en prostituée et non, Maryse Choisy ne sera pas l'une d'entre elles durant un mois... Le déguisement principal, et celui par lequel elle collecte l'essentiel de ses informations, est celui de la femme de chambre.
La préfacière, dans son habitude, qui nous est maintenant familière, de recopier les autres, reprend certainement à son compte, en le comprenant de travers, ce passage de l'article de Marie-Eve Thérenty : « le déguisement idéal étant – bien entendu – celui de prostituée ».
Si Maryse Choisy se déguise bien à un moment en prostituée, ce n'est qu'un interlude (de 7 pages) en attendant qu'on lui trouve une place de femme de chambre.
Au fait, puisqu'il est question de ces déguisements, il existe quelques photographies de Maryse Choisy en tenue de femme de chambre : n'aurait-il pas été préférable d'utiliser l'une d'entre elles pour la couverture, plutôt que cette photographie de mode de Boris Lipnitzki, représentant des mannequins du couturier Jean Patou... ?

Considérons ces passages :
1) « Mais jusqu'où Maryse est-elle prête à creuser les bas-fonds ? Cette exposition du corps de la journaliste participe, à l'évidence, au suspense de l'ouvrage. Le lecteur d'hier et peut-être d'aujourd'hui se demandera si Maryse Choisy franchira le seuil de la chambre à coucher ou si elle risqua quelques dangers. »
2) « Outre le déguisement, elle n'hésite pas à appâter le client sur le « promenoir » de l'Olympia, entrer comme femme de chambre dans une maison de rendez-vous, et devenir sous-maîtresse chez Ginette puis danseuse de salon dans un bar lesbien. »
Et comparons-les avec ceux-ci tirés de l'article de Marie-Eve Thérenty :
1) « un succès qui s’explique plus sûrement par le suspense maintenu jusqu’au bout du reportage. Jusqu’où la reporter est-elle prête à aller pour assurer la véracité de l’enquête ? Le succès du reportage repose généralement sur le corps exposé et mis en danger du reporter. »
2) « Elle se déguise en prostituée pour faire quelques pas sur le « promenoir » de l’Olympia et y appâter le client, entre comme femme de chambre dans une maison de rendez-vous parisienne puis comme bonne dans un bordel normand à la tonalité très maupassantienne ; elle est sous-maîtresse dans le claque « chez Ginette », danseuse de salon pendant huit jours dans le bar lesbien « Le Fétiche » »

« Maryse Choisy n'est cependant pas ce qu'on appelle déjà une féministe »
En démonstration de ce jugement, Julia Bracher recourt à une citation de Maryse Choisy : « On eut beau m'expliquer toutes les injustices et que la femme n'avait pas le droit de voter [...] je ne fus jamais féministe. [...] Mes sœurs, les autres ? Ce n'étaient pas mes sœurs. J'ai connu trop de filles idiotes. Devais-je me battre aussi pour les médiocres ? Ce ne pouvaient être là ma mission. Seules les élites m'exaltaient. »
Le souci, et ce que Julia Bracher n'indique pas, c'est que ce passage est tiré d'un chapitre de ses mémoires intitulé « Réactions d'adolescente (déjà) », dans lequel elle parle du féminisme naissant durant la Première Guerre Mondiale, auquel elle fut insensible. Cette citation exprime donc la pensée d'une jeune fille de 13 ans...
Comment ne pas admettre qu'à l'époque d'Un mois chez les filles Maryse Choisy est pourtant bien, à sa façon, féministe, et même si elle a pu le nier ? Le « Manifeste du suridéalisme » les romans qui en découlent sont hautement féministes ! Comment ne pas voir que la vie de Maryse Choisy, dès le plus jeune âge, est le parcours d'une femme libre ? Alors, certes, elle peut choquer certaines féministes. C'est que sa pensée sur la femme relève d'un féminisme qui n'hésite pas à exprimer des critiques à l'encontre de certaines formes de féminisme et à celles qu'elle appelle les « précieuses radicales ». Le mieux, pour la comprendre sur ce sujet, est de lire certains de ses livres, notamment La Guerre des sexes.

« Maryse Choisy [...] renie son œuvre passée et tente de retirer de la vente tous ses ouvrages, dont celui qui avait tant fait pour sa gloire. »
Non, ce n'est pas tous ses livres qu'elle tenta de retirer du commerce en 1939, mais trois de ses reportages : Un mois chez les filles, Un mois chez les hommes et L'Amour dans les prisons. Une dizaine d'autres livres restaient disponibles.


Au final, rien de bien intéressant n'est exprimé sur le livre lui-même, alors qu'il y aurait tant à dire, notamment en comparaison avec l’œuvre future. Maryse Choisy elle-même, dans ses mémoires, y consacre pas moins de quarante pages.
Rien non plus d'essentiel et de bien juste sur Maryse Choisy, dont on ne dit rien de la vie et de l’œuvre après les années de reportage : la psychanalyse, la religion, le yoga, etc.


*
*      *


Après une préface si catastrophique, on peut s'inquiéter de la restitution du texte. Trois remarques à ce sujet :

– Dans Un mois chez les filles, Maryse Choisy a la manie de commencer un paragraphe par trois points de suspension. Cela arrive une bonne centaine de fois. Dans la réédition, ces points de suspension ont tous disparu.
– Maryse Choisy met des majuscules à de nombreux noms communs : « C'est l'indicateur des Maisons et Salons de Société, des Maisons de Massage et de rendez-vous de Paris, la Province, les Colonies, des principales villes étrangères. [...] Il est édité par la Chambre Syndicale des Maisons de Société. » Dans la réédition, ces majuscules disparaissent.
– Trois chapitres contiennent normalement des sous-chapitres dont les titres sont précédés d'une lettre : a) Manon ou la femme du monde ; b) Julie ou la fausse mineure, etc. Dans la réédition, les lettres ont disparu et ces sous-chapitres n'apparaissent plus dans la table des matières et donc non plus, en tant que tels, dans le texte.


*
*      *


Je n'ai pas su résister à la tentation de scruter la page finale « Du même auteur », afin de voir comment une historienne et éditrice si peu professionnelle allait se sortir de cette tâche bibliographique. Le résultat est, là aussi, édifiant :
Mon coeur dans une formule est indiqué comme paru aux Cahiers suridéalistes quand il s'agit des Éditions Radot (on peut admettre que « Cahiers suridéalistes » était le nom d'une collection, bien que matériellement le livre ne l'indique pas).
Le Vache à l'âme est indiqué comme paru aux Éditions du Tambourinaire au lieu des Éditions du Tambourin : la bibliographie fut-elle conçue par SMS ?
Le Portrait de Juliette Delmet et Le Thé des Romanech sont indiqués comme parus aux Éditions Jean-Renoir aux lieu des Éditions Jean-Renard : peut-être parce que Jean Renoir tourna aussi Le Journal d'une femme de chambre...
Mes enfances est indiqué comme paru en 1947 quand il s'agit de 1971... Notons aussi que toutes les mentions des éditions Mont-Blanc apparaissent sans le tiret.
Yogas et psychanalyse apparaît sans le s à « Yogas »
Les Atlantides est indiqué comme s'il s'agissait d'un livre paru en 1957 quand il s'agit en fait du titre d'une série de romans, parus entre 1943 et 1959 et ayant chacun leur propre titre.
Potala est dans le ciel et Dialogues avec sa Sainteté le Dalaï Lama sont indiqués comme deux livres différents quand ils n'en forment qu'un, le second étant le sous-titre du premier.

Notons qu'à cette bibliographie qui se veut complète manquent au moins huit ouvrages...


mercredi 10 juin 2015

1978 : Sur le chemin de Dieu on rencontre d'abord le diable - Mémoires (1925-1939)






Publié en 1978 aux Éditions Émile-Paul.
370 pages.

Ouvrage dédié « A Philippe de Vermandois / M. C. » 


Quatrième de couverture




Table des matières :

PRÉLUDE POUR UNE AUTOBIOGRAPHIE

Associations libres


PRÉFACE N° 2 : IN CAPITE VENENUM

Ma légende
Mon être


I. DEUX MORTS POUR ENTRER DANS LA VIE

La source à Saint-Jean-de-Luz
La langue chat
Études discontinues
Les premières leçons de sanscrit à Cambridge
Le défi de Cendrillon
Koumar à Saint-Jean-de-Luz
Mes visites chez Freud
Mon rêve analysé par Freud
Associations
La mort de tante Anna


II. L'INDE DANS MON DESTIN

Premier voyage
L'accident
Le thème de la mort
Deuxième voyage
Swami Sivananda
La visite de Chidananda à Paris en 1969
Troisième voyage : 1965
Quatrième voyage : 1970
Cinquième voyage : 1973
Presque, mon premier roman


III. MA QUESTE DANS LE PARIS LITTÉRAIRE (1925-1927)

Liturgie chez Paul Bourget
Ma concierge ne croit pas en moi
Que choisir ?
Les mardis du Mercure de France
La chandeleur avec Rachilde
Le jugement premier
Le sacrifice des cheveux
Un mariage idéal ?
J'entre à l'Intran sur la pointe des mains
Les vacances à la maison d'Essonnes
Le scandale de la Closerie des Lilas
Le Manifeste suridéaliste
Ma saison dans les coucous
Pourquoi je n'ai pas eu le Prix Fémina


IV. HISTOIRE DE "UN MOIS CHEZ LES FILLES"

Mes premiers pas dans la grande aventure
Mes débuts de femme de chambre
Le passé de "Un Mois chez les Filles"
Le présent de "Un Mois chez les Filles"
L'attitude tolstoïsante
L'attitude Louys-Carco
Les religions de l'utérus
Ionisation et yonisation
Prostitution sacrée
Aimer son prochain
La dégradation de la danseuse sacrée
La chute en Europe
La fermeture des maisons
La prostitution des rues
Le complot des proxénètes
Prostituées 1975
Du sacerdoce au marketing
Le recyclage
Pourquoi le scandale ?
Séparation des genres
Le futur de "Un Mois chez les Filles"


V. RIEN QU'UN MOIS CHEZ LES HOMMES


VI. LA FIN DE L’APRÈS-GUERRE

Les ongles rouges
Les sans chapeaux
Coiffure à la Chateaubriand
La résille
La variété des années 30
Le Vache à l'âme
Mes fiançailles avec le comte Jacques de ...
Psychanalyse moins sauvage
L'avènement du neutre
Le poltergeist


VII. LES INTERSIGNES DE L'AVANT-GUERRE

Portrait d’Édouard Herriot
Mes animaux et moi
Deux mois dans une ménagerie foraine
A l'exposition coloniale : le zoo de Vincennes
Entre la pipe et le goupillon
Les partis des années 30
Le Versailles de la Troisième République
Je deviens journaliste parlementaire
Comment devenir ministre
L'ancien député
Au pays des aveugles les borgnes sont pendus
Le nombre en politique
Le nombre en littérature
Ne frappez pas les ministres qui tombent
Une nuit de crise
Les grands hommes de la Troisième
Vrai et faux Briand
Les précieuses radicales
Les sénateurs, trop vieux pour des gigolos
Femmes médiocres et femmes de l'élite
Une muflerie sans épithète
Le poids du nombre
Du salon au bistrot
Mon dernier voyage à la Société des Nations


VIII. MA SAISON DU CÔTE DE MOSCOU

Louis-Louis Dreyfus
Marthe Hanau
Colette
Le devoir de frivolité
Le 26 décembre 1933, dans l'ascenseur
Stavisky
Il n'y a pas de chéquards
J'étais à la Chambre le 6 février
Direction Moscou
La grande déception


IX. JE RENCONTRE LE PÈRE TEILHARD DE CHARDIN

Fin d'un cycle
Dieu est partout sauf dans les églises
La rencontre miraculeuse
Samarcande
Petit portrait d'un grand homme
L'un et le multiple
Le problème du mal
Credo
"Dieu est un singe"
Cosmos et collectivité
L'incarnation
Qu'est-ce qu'une hérésie
Prière pour une bonne mort
Le Père Fessard


INDEX DES NOMS

1974 : Potala est dans le ciel - Dialogues avec S. S. le Dalaï-lama





Publié en 1974 aux Éditions du Mont-Blanc.
198 pages.

1971 : Mes enfances - Mémoires (1903-1924)




Publié en 1971 aux Éditions Mont-Blanc.
242 pages.

Quatrième de couverture





Table des matières :

I. Il n'y a pas de commencement...

1. Le temps
2. Le silence et les bruits
3. Rééducation musicale
4. Les angoisses dans le Château
4. L'église et la pâtisserie
6. Le pacte
7. La lecture du Destin
8. Première déception


II. Sous le signe du lion

1. Le lion du Château
2. Le monde des bêtes
3. Les mythes de mes tantes
4. Mes gouvernantes et ma jument
5. Les rires de l'eau et de la jument
6. Le petit cousin qui casse mes poupées
7. Réincarnation, etc.
8. La bibliothèque
9. Une visite à Remy de Gourmont
10. Dix divisé par trois
11. Fleur et frelon


III. Jeanne d'Arc ou rien

1. Que dit le Destin ?
2. Jouer sur deux plans
3. Le Vilain Petit Canard
4. Au pays des aveugles, les borgnes seront pendus
5. Cet autre monde
6. Le Bon Samaritain
7. Le journaliste croquemitaine
8. Jeux
9. Etudes en vrac
10. Qui suis-je ?
11. Vocation


IV. Le destin des bonbons

1. Les questions tabou
2. Patience et patiences
3. La poule apprivoisée
4. Les soixante robes de tante Anna
5. Les jardins de Monte-Carlo
6. Études discontinues
7. Celles qu'on ne voit pas à Deauville
8. La villa de la Côte Dalmate
9. Les "Moustachus"
10. Les vaches sacrées
11. Théorie et vie


V. Paris, la ville où l'on étouffe derrière un Coromandel

1. La ville sans étoiles
2. L'éblouissement de Gabriele D'Annunzio
3. Paul Cambon dans la nursery
4. Barrès et Jaurès
5. Romains et Grecs
6. Les deux bandes
7. Le sens de la démocratie
8. L'illumination


VI. Mon premier amour

1. Cours de danse
2. La rencontre avec Robert
3. Est-ce la première fois ?
4. Vivre devant lui
5. Ma dent de lait
6. Jeanne d'Arc, le plaisir du guerrier ou Béatrice
7. Les amoureux de Venise
8. Le ciel dans le canal
9. La Walkyrie
10. L'agonie d'un monde


VII. La mue

1. La curiosité de la guerre
2. La mort de Joseph
3. Variations sur le courage
4. Mes premiers vers
5. Seigneur, je suis prête
6. La lampe allumée
7. Pourquoi pas aviatrice ?
8. L'attention à la vie
9. Réactions d'adolescence (déjà)
10. Les morales de guerre et d'amour
11. A chaque amour sa morale
12. Raison d’État
13. Amour et ambition
14. Le bonheur du général Boulanger
15. L'amour subtil
16. La femme et l'homme sacré
17. L'amour platonique
18. Le salut ou la conquête de l'énergie subtile
19. Sage-femme ou femme sage ?
20. Les couples de saints
21. Epoque de transition
22. Les fables mentent


VIII. Les chèvrefeuilles de Girton College

1. L'île inconnue
2. Chaque vision est unique
3. L'étudiante qui ne dormait pas
4. Départ pour Cambridge
5. Promenade à travers Cambridge
6. Chez Girton College !
7. Les leçons de sanscrit chez La Vallée Poussin
8. Mes professeurs
9. Les ex-petites filles
10. Régression
11. Naissance d'un héros
12. Généalogie du héros
13. La séduction du héros
14. Le baiser du héros


IX. Fiançailles

1. Le défi de Cendrillon
2. La rencontre avec Einstein
3. Koumar à Saint-Jean-de-Luz
4. Les voix du Château
5. Le stupide accident


X. Ma visite chez Freud

1. Le malaise permanent
2. L'arrivée chez Freud
3. Dans l'antre de la psychanalyse
4. Qu'est-ce qu'ils en feront ?
5. Mon rêve analysé par Freud
6. La mort de tante Anna

1968 : ...Mais la terre est sacrée




Publié en 1968 aux Éditions du Mont-Blanc.
282 pages.